Le Plateau des Glières

Le Col des Glières… Ce nom ne vous dit rien ? Peut-être qu’en remplaçant « Col » par « Plateau », cela vous rappellera quelque chose ? Le « Plateau des Glières » a été un haut-lieux de la résistance à l’occupant nazi deux mois durant en 1944. Les présidents français de tout poil en quête de crédibilité s’en rappellent périodiquement et y font une virée souriante sous les caméras… Le reste du temps, l’air y est pur et le plateau idéal pour s’adonner à la marche ou au ski de fond.

Depuis 2018 et le passage du Tour, le col culminant à 1440 m et le plateau connaissent un engouement auprès des cyclistes qui aiment y tester la résistance de leur mollets épilés… ou celle de leur moteu Le Col des Glières a en effet été escaladé pour la première fois par les coureurs de la « grand boucle » cette année-là. Et c’est Julien Alaphilippe qui était passé en tête avant d’empocher cette prestigieuse 10e étape qui reliait Annecy au Grand-Bornand.

Cette victoire avait mis en lumière ce col jusqu’alors peu fréquenté. C’est ainsi motivé par écran interposé qu’un matin d’été, escorté par cinq camarades « cyclophiles », j’improvisais une boucle de 80 km Annecy – Annecy passant par le fameux col et avant cela par le plus modeste col de Bluffy (630 m). Etant originaire d’Annecy, j’étais monté plusieurs fois à vélo jusqu’au Plateau par son redoutable versant ouest via ce qui me semblait être un bête cul de sac. Car j’ignorais que la route gravillonneuse le traversant sur 2km menait à une route goudronnée plus raide encore. Laquelle rendait une boucle possible le tout sans troquer sa monture contre un VTT ni même forcément contre un gravel.

Et pour la première fois donc, j’escaladais les Glières par le Petit Bornand. Soit « seulement » 8.7 km de montée pour 725 m de dénivelé. Mais à 8.3% de pente moyenne dont un passage à 16.2%, on la sent passer quand même ! Et c’est tant mieux car la beauté du cyclisme réside parfois exactement là. À la frontière entre plaisir et souffrance. Ce versant se révèle champêtre à souhait et les voitures ont le bon goût de s’y faire plutôt rares. Le petit massif des Bornes s’y offre dans toute sa beauté intemporelle. Le secteur non goudronné est roulant et achève de conférer un côté aventureux à l’échappée, laquelle passe par la « reblochonesque » vallée de Thônes (laquelle peut se traverser habilement et joliment en évitant la bête nationale) et par les contreforts du Parmelan, sommet emblématique de la région.

Une fois rallié le plateau, une pause s’imposera au Café – restaurant – Gite « Chez la Constance », celle à laquelle Francis Cabrel rendait hommage dans un de ses célèbres tubes clamant : «Lorsque demain ne m’apportera que les cris inhumains d’une meute aux abois, j’irai dormir chez la dame de Haute-Savoie »… C’est dire si les lieux sont ressourçants !

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