Je suis un imposteur

© Alain Rumpf

“Bonjour Alain, nous voulons innover en 2020 avec la création d’un format gravel. Pourriez-vous nous apporter votre expertise?”

Tel est en substance le message que j’ai découvert un matin dans ma boîte de réception. Il venait de Sébastien Médan et Andréa Costa, les organisateurs de la Châtel Chablais Léman Race.

Moi, un expert du gravel? Un accro du 650B? Un amoureux de la boue? Un adepte des baggy shorts? L’espace d’un instant, je me suis senti dans la peau d’un imposteur. Je suis un routier pur et dur. J’aime sentir mes pneus adhérer fermement au bitume. La terre et les cailloux, ce ne n’est pas mon truc. Un cuissard, ça ne laisse pas passer les courants d’air. Pourtant, ces dernières années, mon horizon s’est élargi. J’ai découvert le gravel… et j’ai aimé. Pourquoi?

Tout d’abord, cela m’a ouvert de nouvelles perspectives. Avec un vélo de gravel, je peux explorer de nouveaux endroits et redécouvrir mes coins favoris. Quand un routier arrive au sommet d’un col, que fait-il? Il redescend de l’autre côté. Avec un vélo de gravel, on continue. On voit une petite route qui va plus haut sur la carte, on ne sait pas si elle est goudronnée… qu’à cela ne tienne, on se lance et on sait que ça passera. Enfin… pas toujours. Mais l’aventure fait partie du gravel et avec des chaussures de VTT, on n’a pas peur de marcher un peu ou même beaucoup. En plus, ça fait de belles photos sur Instagram.

© Alain Rumpf

L’autre élément qui m’a séduit, c’est qu’on est souvent seul sur les chemins. Sur la route, on cohabite avec les véhicules motorisés. En général ça se passe plutôt bien mais le trafic augmente; en 35 ans de pratique, j’en ai été le témoin. Quand je monte sur mon vélo de gravel, je n’ai pas à m’en préoccuper: je suis seul dans la nature et c’est extraordinaire pour le routier que je suis.

Pour le VTTiste que je ne suis pas, j’entends également que le gravel représente un retour aux sources. Le matériel s’est tellement perfectionné que l’expérience du VTT s’est transformée. Pour éprouver des sensations, il faut aller de plus en plus vite et s’aventurer sur des sentiers de plus en plus extrêmes. Ceux qui essaient le gravel après avoir vécu cette évolution disent qu’ils s’amusent à nouveau sur des terrains devenus ennuyeux pour le VTT.

Autant l’avouer: j’ai craqué. J’ai assuré Sébastien et Andréa que j’étais bel et bien un expert du gravel. Pour couvrir mon mensonge, je me suis adjoint dans la foulée les services de mon ami Jean-Yves Vassalli et de Tommy Stefanelli, le directeur de l’office du tourisme de Torgon. Ce sont eux qui ont tracé la boucle pour la Châtel Chablais Léman Race. Quant à moi, je me suis réservé la partie fun: un beau jour de novembre, je suis parti reconnaître le parcours avec mon ami Luca. On s’est bien amusés au dessus du brouillard, on a mangé une excellente pizza à la Chapelle d’Abondance et on a pris de belles photos.

© Alain Rumpf

Le résultat, vous pouvez le découvrir avec cet itinéraire. Il est tracé au départ de Torgon, l’endroit le plus facile à rejoindre depuis la Suisse romande.

Et si vous voulez parcourir le gravel des Portes du Soleil en bonne compagnie, venez participer à la Châtel Chablais Léman Race le samedi 11 juillet 2020!

– Alain Rumpf

Alain Rumpf A Swiss with a Pulse

Alain Rumpf – A Swiss with a Pulse

Cycliste passionné depuis plus de 35 ans, Alain Rumpf est bien connu sur les réseaux sociaux grâce à son compte « A Swiss with a Pulse » qui compte plus de 12’000 followers.

Dans une précédente vie, il a été coureur cycliste Elite et a travaillé 20 ans pour l’Union Cycliste Internationale. En 2014, il décide de quitter le confort d’un bureau pour devenir guide, photographe, rédacteur et consultant. Il collabore avec Suisse Tourisme, Haute Route, Scott, Apidura, Alpes Vaudoises, Strava, Vélo Magazine, Chasing Cancellara et bien d’autres. Il dirige le site Switchback, un guide du vélo de route et du gravel dans les Alpes et au-delà. Découvrez ses projets sur son site www.aswisswithapulse.com et tous ses articles sur cycliste.ch.